Le 29 février 2016

Cher M. Bergevin,

Je vous écris en cet après-midi de la date limite des transactions afin de vous laisser savoir que je suis déçu de votre inactivité. Avant de me justifier, j’aimerais souligner que je ne m’attendais pas à ce que vous transigez pour obtenir les services d’un ou de quelques joueurs d’impact qui ont comme but d’aider les Canadiens de Montréal à accéder aux séries éliminatoires.

Lors de votre point de presse du 21 janvier, vous aviez été assez clair et précis sur le fait que l’organisation avait abandonné cette idée car les chances que votre club se taille une place parmi les meilleures équipes de la Ligue Nationale de Hockey étaient très minimes. Du moins, c’est ce que j’avais compris lorsque vous aviez défendu votre entrainer-chef Michel Therrien en promettant qu’il sera épargné peu importe le déroulement du calendrier régulier.

Reculons en arrière un peu. Au début de l’année, lorsque l’équipe avait signé 9 victoires de suite et qu’après 26 parties elle avait une fiche de 19-4-3, vous n’aviez pas eu peur de mentionner la Coupe Stanley comme étant l’objectif ultime. C’était tout à fait normal- je peux vous rassurer que plusieurs partisans et analystes à travers la LNH croyaient que les Canadiens y étaient aspirants ! Le problème c’est que depuis votre arrivée lors de la saison morte en 2012, vous n’aviez jamais parlé de Coupe Stanley. Le but était de se « rendre en séries », n’est-ce pas ? Année après année, vous aviez offert le même discours, et vos propos se sont réalisées.

Petit à petit, vers la fin du mois de décembre 2015, le concept de ramener une Coupe Stanley à la Belle Province devenait fort moins probable, alors M. Therrien et vous aviez commencé à parler de se rendre en séries. Les joueurs ont également répété les mêmes paroles, ce qui est compréhensible car tout le monde doit être sur la même page lors des communications et relations avec les médias.

Lorsque vous aviez su que Carey Price ne sera pas de retour cette année- avouez-le, vous étiez au courant bien avant le 21 janvier- vous aviez prétendu qu’il sera à l’écart du jeu pour 3-4 semaines additionnelles. Nous avions tous vu les vidéos diffusées qui montraient un Carey Price visiblement frustré de son très lent rétablissement. Ces mêmes vidéos montraient qu’il n’était pas prêt à faire un retour car il avait clairement beaucoup de difficulté à patiner sans équipement. Ce n’est pas grave, car après tout, les partisans de Montréal ont tendance à avoir une mauvaise mémoire à court-terme. J’imagine que plusieurs ne s’en souviendront pas, heureusement pour vous. Mais franchement, de refuser aux caméras et aux journalistes accès aux pratiques de Price quelques semaines plus tard ? C’est un peu questionnable, non ? On dirait que vous aviez quelque chose à nous cacher… Et ce, non pour la première fois.

Vous voyez, M. Bergevin, je ne suis pas un partisan des Canadiens. En fait, je ne le suis plus depuis environ 6 mois. Croyez-moi, j’ai dépensé beaucoup d’argent sur des billets ainsi que sur des chandails et d’autres souvenirs lors des 10 dernières années (je ne mentionnerais pas les concessions au Centre Bell). En tant que consultant en markéting, je dois vous avouer que les efforts extraordinaires et constants de l’organisation en ce qui trait à leurs relations publiques, les publicités de toutes sortes, les commanditaires, et les communications globales ont bien eu un effet sur moi. J’étais sous le charme de l’équipe, je l’admets.

Présentement je ne suis pas un journaliste et mon emploi n’est pas à titre « d’analyste » qui est payé pour offrir mon opinion sur les ondes de Bell Média, Rogers, ou Cogéco par exemple. J’écris des blogues pour Hockeybuzz.com, donc je me permets d’inclure mes pensées personnelles dans mes articles tout en conservant quand même un certain niveau d’objectivité ou de neutralité. J’ai dû me séparer de mon amour pour les Canadiens afin de rester fidèle à moi-même et à mon approche relativement journalistique. Et pour être très franc, le produit qui se retrouve sur la glace- produit dont tous discutent à Montréal et un peu partout à travers le monde- a facilité cette séparation. De même qu’il a accéléré le processus assez rapidement.

Je comprends que ce n’est qu’une seule très mauvaise saison, et qu’il ne faut pas abandonner sur cette équipe. Mais si je me fie à vos tendances et je suis votre exemple, c’est l’approche réaliste. Qu’en pensez-vous ?


Je crois que vous commencez à savoir où est-ce que je m’en vais avec cela. Vous vous devez d’être transparents avec le public dorénavant. C’est la moindre des choses qu’il mérite après des années de fidélité qui leur ne rapportent rien. Vous vous devez de réaliser qu’il y a d’énormes trous au sein de cette formation que vous aviez surtout hérité de l’ère de vos prédécesseurs. Car personnellement, je préfère que vous remettez votre démission cet été si vous ne faites pas les suivants :

- Amenez deux attaquants qui peuvent jouer sur les deux premières lignes et contribuer offensivement sur une base régulière, même si vous devez échanger Carey Price pour obtenir ceux-ci. Price est souvent blessé et vous couterait au-dessus de $10 millions par année lors de l’échéance de son contrat. Sa valeur doit être exceptionnelle en ce moment, surtout après sa récolte de quatre trophées l’an dernier.


- Vous départir de David Desharnais. Je suis conscient du fait qu’il n’y a pas de marché pour un petit attaquant qui ne produit pas selon les attentes, mais c’est votre responsabilité de lui trouver une formation qui aurait besoin de ses services. Sa valeur marchande n’est pas très haute, mais si vous conservez une partie de son salaire lors d’une transaction, je suis confiant qu’une équipe ne se gênera pas de l’acquérir.


- Ainsi de même pour Andrei Markov et Tomas Plekanec. Vous auriez dû vous départir de ces joueurs il y a bien longtemps, et maintenant leur valeur baisse. Vous allez les perdre pour rien s’ils ne quittent pas cet été.


- Finalement, trouvez un gardien qui pourra remplacer Carey Price, si le premier scénario se réalise à l’aide d’une transaction impliquant le gardien numéro un de l’équipe.


Ceci étant dit, j’espère que les partisans ne supporteront plus les mensonges et ne vont surtout pas tolérer d’appuyer une équipe médiocre. Si vous n’êtes pas prêt à apporter ces changements, vous serez mandaté de rebâtir cette équipe. Les Maple Leafs de Toronto sont l’exemple parfait de ce qu’il faut faire afin de s’améliorer à long-terme car bien honnêtement, les Canadiens de Montréal forment une équipe très mauvaise et même embarrassante pour les partisans.

Je préfère savoir que vous êtes honnête lorsque le jour viendra où vous ne pourrez nier qu’il est temps de recommencer à zéro. Je préfère ceci beaucoup plus aux manipulations inacceptables dont nous avions tous été victimes cette année. Et je préfère aussi savoir que l’équipe montréalaise sera mauvaise pour quelques années de suite avant de devenir un aspirant véritable à la conquête d’une Coupe Stanley. Comme ça, vous pourrez gérer les attentes des partisans en toute transparence.

En espérant que le message est saisi, et en vous souhaitant la meilleure des chances avec vos démarches,


Andrew Saadalla

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